Vos coups de coeur bd du moment ?

J'ai fait quelques découvertes récentes, et redécouvertes, surtout (c'est à dire qu'en fait, je découvre des bds pas tout à fait récentes !).

En vrac :
- Elinor Jones (Algésiras et Aurore)
- Princesse Sara (Alwett, Moretti et je ne sais plus qui)
- Bourgeon, Bourgeon et encore Bourgeon, avec trois séries cultes : Le Cycle de Cyann, les Compagnons du Crépuscule et Les Passagers du vent (que je découvre dans le désordre : épisodes 6 - livre 1, puis 6, livre 2, 1 et 4). C'est comme toujours bien écrit, avec des dessins superbes mais à réserver à des mains et des yeux adultes.

Pour Elinor Jones et Princesse Sara, ce sont des nouveautés chez Soleil, déjà épuisées et rééditées. Elinor Jones, c'est une bd superbe sur les débuts de la haute couture au XIXe siècle. Et je ne vous présente pas Princesse Sara, qui est une adaptation du livre, mais surtout très inspirée du dessin animé qui porte le même nom, avec des surprises sur les personnages ! J'ai vraiment accroché à cette magnifique bande dessinée, dont le tome deux sort dans quelques jours maintenant (je crois que c'est pour la fin mai, autour du 26 si je ne m'abuse). Je l'ai commandé pour être certaine de ne pas le louper !

Et vous ?

Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. Un superbe livre (j'en ferai un article dès que j'aurais un peu plus de temps) sur l'homosexualité et tout ce qui l'entoure : la découverte de cet amour, le dégoût et la honte d'aimer une personne du même sexe, le rejet mais aussi et surtout, l'amour de l'autre. Les personnalités d'Emma et Clémentine sont très bien développées et on vit à travers ces personnages.
Le graphisme est aussi très bien fait, avec un travail très important sur les expressions faciales qui font vraiment bien ressortir les sentiments. A noter que le livre est en noir/blanc et bleu.

Elinor Jones, j'ai bien aimé aussi... même si j'attends surtout le tome 02 pour voir comment l'histoire va évoluer. Le tome 01 était surtout une sorte de huit-clos où l'on découvre les personnages et leurs vrais personnalités, ainsi que les petits secrets... Mais c'est un très bon premier album. J'espère que le tome 02 confirmera.

Entièrement d'accord avec toi pour Elinor Jones, j'attends aussi le tome 2 avec impatience, mais comme il paraîtra dans pas mal de temps, je préfère attendre d'abord celui de Princesse Sara... !

J'ai déjà parlé avec vous deux, mais séparément, des deux nouveautés chez Soleil. ça m'a permis de jeter un coup d'oeil au catalogue de l'éditeur que j'avais étiqueté, comme un peu tout le monde, comme faisant du style Arleston et rien d'autre, et aussi comme maison franchement opportuniste. Il y a une réelle diversification.

Sur Elinor Jones, mon goût pour le XIXe en général me rend sans doute indulgent. Même si la vision n'en est ici que volontairement très partielle, je ne peux que me réjouir du fait qu'on aborde le contexte des arts appliqués du XIXe, ici la mode, sur laquelle il y aurait beaucoup à dire (ici les grandes maisons émergentes de l'époque, à l'autre bout du spectre, représenter les grands magasins en BD serait sans doute intéressant, avis à ceux qui pourraient adapter "Au Bonheur des dames" de Zola... J'achète !
Après, la chose est sans-doute assez ciblée "ados", notamment par l'inévitable caractère "initiatique" ; je note aussi le brin d'influence asiatique, visible, outre graphiquement, dans l'espèce de mystique professionnelle que le manga et l'animation japonaise, notamment, adorent plaquer sur les activités professionnelles, toutes abordées comme un sacerdoce - ici, la maison Tiffany sur le mode de la communauté monastique... C'est assez attendu et assez calibré, finalement. Mais à mon humble avis (rendu fortement impartial par une sympathie profonde pour le choix du sujet), le thème abordé fait passer la pilule sans difficulté...

Sur Princesse Sarah, c'est un travail très surprenant, où l'influence de la série animée (sur le continent, plus connue que le roman d'origine) n'est absolument pas dissimulée, mais à laquelle s'ajoute un fantastique de genre steampunk. Je n'ai pas lu le roman dans le texte, comme beaucoup de gens de ma génération j'ai l'impression d'avoir toujours connu la série animée, donc les allusions très claires ne sont pas pour me déplaire. Un traitement réaliste réussi (et historiquement informé) m'aurait charmé aussi, mais ici, le fantastique élude toute les difficultés de l'exercice.

Bref, sur les deux, je suis conscient que ça cherche probablement à ratisser large (on reste chez Soleil et c'est une collection avec un marketing "ciblé" et pas très futé) ; après j'éprouve une vive sympathie pour les thèmes qui sont défendus dans ces deux bouquins, et le traitement n'est pas du tout désagréable, donc ça rentre effectivement dans la catégorie des bonnes surprises.
Du reste j'ai quelque-part en tête l'idée de faire une chronique sur l'un ou l'autre dans le site, si l'une d'entre vous le fait à ma place ce sera très bien aussi, ou nous pourrions voir ça ensemble, ou que sais-je d'autre. "Quand nous aurons le temps"...

Pour une chronique, je suis partante, mais j'attends d'avoir le tome 2 de Princesse Sara entre les mains pour cela. Et puis, la nuit, je rêve de l'Elucubratorium (eh oui !) et donc, j'ai eu une idée de chronique la nuit dernière, mais comme c'était en rêve, je ne sais pas trop si ce sera réaliste ou pas (faut d'abord que je me souvienne du sujet de ladite chronique !).

Côté bd, j'ai découvert récemment, toujours chez Soleil, Les Contes de l'Ankou, qui m'a rappelé mon enfance bretonne. Vous aurez sans doute droit, là aussi, à une chronique !

Eh ! Je me rappelle de mon idée de la nuit dernière ! Ce serait sur Le Cycle de Cyann (oui, encore Bourgeon, mais je suis une inconditionnelle !), mais seulement les deux premiers volumes et La Clé des confins (qui à elle seule mérite une chronique, mais ne serait rien sans les deux premiers volumes, donc je ferai une seule chronique, ça évitera de multipier).

Ah bonne idée j'ai envie de voir à quoi ressemble Princesse Sarah... pour avoir lu le livre et, regardé l'animé et la version filmée de Cuarón (qui sont quand même les trois très différents) ça m'intéresse vraiment d'en voir l'adaptation en BD.

Pour Elinor Jones, je trouverai intéressant que ça soit un homme qui fasse l'article... Ce qui me rebute avec la collection Strawberry/Blackberry, c'est leur volonté plus qu'affichée de s'adresser à un public féminin (enfin pardon "girly", qui assez péjoratif à mon goût). Du coup, si c'est un homme qui fait la chronique, ça permet de montrer qu'au moins cet album est assez bien fait pour être accessible à tous.
Pour Princesse Sara, c'est un peu différent au sens où c'est une adaptation, donc si on connait le livre ou le dessin animé, le préjugé sera différent.

Par contre, pour les séries, on avait dit qu'on ne faisait pas plus de 2-3 articles sur la même série?

Naturellement. Il me semble que ça vaut le coup, quel que soit le nombre de volumes, de faire un premier article au début pour signaler la série, puis de faire éventuellement une petite chronique en cours de série pour dire comment ça évolue (dans quelques années donc, ce sera une piqûre de rappel), et éventuellement de conclure au moment du dernier tome.

Ton dernier message, Pearl, est bizarre, c'est comme si le "être accessible à tous" voulait dire que bon, pour les filles, on peut se permettre de faire quelque chose de moins bien que si on s'adressait à tout le monde. Je suppose que ce n'est pas ça que tu voulais dire, mais c'est comme ça que je l'ai lu ! Comme quoi...

Le côté "girly" est effectivement clamé haut et fort, et assumé. Pour ma part, je n'y vois pas d'inconvénient si en plus de s'adresser à des filles, les collections permettent aussi à des auteurs femmes de publier. Parce que bon, la profession est quand même très masculine, vous l'aurez remarqué. Si ces deux collections sont autant "pour" que "par" des femmes, personnellement, ça ne me gêne pas trop. OK, François Amoretti n'est pas spécialement une femme. Faut bien une exception pour confirmer la règle ! (parce que sinon, Audrey Alwett, Ood Serrière, Nephyla et les autres, ce sont bien des femmes, aux dernières nouvelles... !)

Une précision : pour Bourgeon, il a écrit plusieurs séries, j'ai fait trois articles sur "Les Compagnons du crépuscule", je ne voudrais pas refaire trois chroniques sur une série qui, au moins au début, forme un tout (les deux premiers volumes et La Clé des confins). Les albums suivants sont bien plus "classiques" dans leur genre que ce premier triptyque (c'est comme ça que ça s'écrit, ou j'ai mal placé le "y" ???). Une seule chronique en tout me paraît suffisante pour cette série-là, sauf si Bourgeon sort un tome 5 extraordinaire !

Pour apporter une précision supplémentaire, c'est que ce terme à la mode et très ridicule "girly" a dans l'esprit des gens de marketing un sens précis et assez peu flatteur, il ne s'agit pas de toucher indistinctement un public féminin, mais de viser un groupe bien particulier dont le stéréotype serait l'adolescente décervelée et caricaturale. D'où l'anglicisme d'ailleurs. Ce qui se passe vraisemblablement (c'est ce qu'il ressort, si j'ai bien compris, des contacts que Pearl a avec Aurore), c'est que les auteurs travaillent la plupart du temps pour faire de bons livres sans se soucier d'objectifs de markétainge, puis l'éditeur leur colle une étiquette. Il y a de tout d'ailleurs, Pearl m'a parlé d'un ouvrage collectif résultant d'une commande, et où - presque à leur corps défendant - les auteurs se sont trouvés embarqués dans un truc caricatural au possible. Le véritable problème, c'est la segmentation du public dont les gens de markétainge voudraient nous faire croire qu'elle est un reflet fidèle de la société - et en effet, ce serait bien plus facile de vendre si toute la clientèle était réductible à des groupes homogènes et distincts.

La féminisation du monde des auteurs, il n'y a aucune raison d'être contre. Les dominations masculines dans certains corps de métier sont des survivances qui disparaissent plus ou moins vite. En revanche, il n'y a aucune raison pour que les femmes aient pour ambition principale d'écrire pour les femmes. Ou alors, c'est doublement reproduire des comportements de discrimination positive. Il n'y a aucune raison objective, à mon sens, de penser que c'est en faisant des collections ciblant un lectorat déterminé que l'on donnera un coup de pouce aux auteurs femmes. Ou alors si : il faut cibler le lectorat éduqué et exempt de préjugés, tout simplement...

Après, quoiqu'en dise le markétainge, prétendre qu'il y a des livres "pour les femmes" est, naturellement, réducteur. Qu'importe d'ailleurs, ce n'est pas notre objet : le lecteur aime les livres qu'il veut et n'a pas à se préoccuper d'appartenir ou non au coeur de cible... On ne sait déjà pas déterminer s'il existe une écriture féminine (et encore heureux, sinon il se trouverait bien des abrutis pour cantonner auteurs hommes et femmes dans des activités séparées), je doute qu'il existe une lecture féminine. S'il y a encore des "permanences" (du genre : faire un bouquin sur la mode va intéresser plus de femmes que d'hommes), je suis persuadé qu'elles sont liées à la survivance d'habitudes et de représentations collectives qui peuvent soit perdurer, soit s'effacer (évitons de faire de la prospective hasardeuse) mais qui, de nos jours, ont de moins en moins un pouvoir de contrainte sur les individus. Encore heureux, sinon, je devrais me cacher pour lire les bouquins en question ?

Ah ben en effet, j'ai pas dû être claire... Je développe.
Pour en revenir à mon propos du dessus, je disais préférer qu'Hall s'en occupe, justement pour couper court à toute idée qu'Elinor serait un truc au rabais, destiné uniquement pour un public, le "girly" (désolée, je ne mettrais pas féminin pour les raisons que je vais essayer d'expliquer). Mon "accessible à tous" voulait simplement dire "pas seulement destiné aux greluches", mais aussi bien pour femme que pour homme.
Pourquoi "greluches" et pas filles? Parce que c'est justement ce que m'inspire le mot "girly". Et c'est pour ça que ce terme m'horripile, encore plus quand il sort de la bouche de femmes. "Girly" chez moi est plus que péjoratif... Ptet parce que la où je vivais, le terme désignait explicitement les greluches, poufs et autres (et c'est également le cas ici, or je suis dans un tout autre pays). Le fait qu'en plus, on mette un terme anglais au lieu d'un terme français renforce l'idée : pourquoi ne pas dire "destiné à un public féminin"? C'est plus clair et moins caricatural. Je considère donc que si on n'a pas utilisé ce terme, c'est qu'on avait autre chose en tête. Et donc pas toutes les filles sont visées, mais juste une catégorie. C'est une simple interprétation, tout à fait personnelle, que peut-être la responsable n'a pas voulu (ptet même qu'elle n'a pas choisi le terme elle-même)... mais c'est comme ça que je le ressens.

Oui, malheureusement, le monde de la BD est essentiellement masculin... Mais est-ce qu'il faut créer une collection dirigée par des femmes essentiellement (et le fait que ça soit Soleil n'est pas un hasard) qui soit forcément destinée pour des filles? C'est ça qui me chagrine dans cette collection.
Faire une collection dirigée que par des femmes ne m'ennuie pas, je n'ai rien contre et même, l'idée pourrait être intéressante... Mais pourquoi ne pas se battre sur le même terrain que les autres, en faisant des albums ouverts à tous et pas spécifiquement visés à un public particulier? Si tu veux, en voyant ça, j'ai l'impression qu'on me cantonne, en tant que fille, à des albums sur la danse, sur la sorcellerie et sur du romantisme... C'est ça que je trouve particulièrement réducteur et que j'ai presque l'impression qu'on me file un truc au rabais. Si ça se trouve, c'est purement psychologique et y'aurait pas ce fichu logo "girly" que je regarderais ça d'un autre œil.

Pourtant, j'aime beaucoup ce que fait Pénélope Bagieu et elle aussi, vise un public particulier on va dire. Mais elle a pris un tout autre parti : l'humour, se moquer justement. Pour le thème de la danse, le livre de Sybile est aussi sur la danse et alors que le public visé est encore plus jeune, je le trouve plus honnête avec les filles. Et ne serait-ce que chez Blackberry, Elinor est aussi particulier... mais là, je l'ai trouvé au-dessus de tout soupçon : bien sûr, la mode, les bals, les habits, sont plus apte à toucher un public féminin... Sauf que là, l'histoire va plus loin que ça.

J'attends donc de voir la progression que va avoir cette collection, si ça va s'améliorer ou rester dans le même créneau. Après, je peux comprendre que tu aimes, ou que d'autres aiment, c'est juste une question de goût et d'interprétation. Je critique pas le fait que quelqu'un puisse apprécier cette collection, c'est tant mieux pour eux, hein. Je donnais juste mon propre ressenti, qui bien entendu, n'a pas valeur universelle (je le précise pas tellement pour toi, Amélie, mais plus pour les personnes qui ne me connaissant pas et qui pourraient lire ça).
Pour la chronique sur Elinor, c'était également une simple suggestion.

Ah mais n'allez pas croire que je trouve normal de cantonner les femmes dans une collection et les hommes dans une autre (ou dans les autres !). Mon message de ce matin était un peu lapidaire, faute de temps. Pour développer un peu, je suis entièrement d'accord avec vous sur ce point-là. Il se trouve que dans les deux collections (Blackberry et Strawberry), l'une m'attire visiblement plus que l'autre. Les ouvrages parus chez Strawberry ne me tentent absolument pas (geek and girly, par exemple, mais il y en a d'autres), alors que Elinor Jones ou Princesse Sara me "parlent" plus. Est-ce à dire qu'il y a en réalité deux vraies collections avec des publics différents ? Je ne sais pas. Il y a encore trop peu de parutions à mon avis pour pouvoir le dire.
En fait, je me suis rendu compte au fur et à mesure des parutions que c'était dans cette collection que j'avais plus ou moins découvert des auteurs féminins de bande dessinée. Il y en a bien sûr sûrement d'autres, mais pour avoir refait ma bibliothèque depuis mon retour de l'hôpital, je me suis aperçue que les seuls auteurs féminins dont j'ai les ouvrages, en dehors de ceux de Pénélope et de Katia, sont ceux de cette collection. (plus le livre de Sybile, mais ce n'est pas de la bd, et le public est carrément différent. Les auteurs pour la jeunesse me semblent bien plus "mixtes", il n'y a qu'à voir les quelques 200 albums pour enfants que nous avons à la maison, on doit être à 50/50.). Donc, s'il faut une collection particulière pour permettre à ces femmes d'être éditées, au moins au début, pourquoi pas ? Autant utiliser ce biais dans l'édition pour faire une petite percée, quitte à du coup être éditée ailleurs par la suite (j'ai vu que Ood travaille sur plusieurs projets en ce moment, et a eu un appel d'un auteur qui cherche un dessinateur pour de la SF, ça aura sans doute du mal à trouver sa place dans la collection Strawberry !). De toute façon, d'après ce que j'ai pu voir, trouver un éditeur est loin d'être évident, y compris dans la bd, alors s'il peut y avoir une manière de "forcer la porte", autant le faire !

Après, concernant la politique éditoriale de Soleil, je ne sais pas trop quoi en penser, n'étant pas à proprement parler une habituée de leurs collections et séries (j'ai découvert la maison d'édition avec Sweety Sorcellery, même si je me suis rendu compte après coup que j'avais déjà deux ou trois albums de chez eux !). Ca me semble plutôt être dans le genre Fantasy, Fantastique... Pourquoi pas ? En tout cas, les quelques albums que j'ai sont de qualité. Maintenant, je n'ai qu'une vue très parcellaire de leur catalogue ! Ils ont une collection Celtic, qui m'a un peu inspirée, mais j'y ai trouvé des choses qui n'avaient pas beaucoup à voir avec ce à quoi je m'attendais. Donc je n'achète pas. Au final, c'est quand même le lecteur qui fait le succès ou non d'une collection ou d'un album. Personnellement, je n'achète quand même pas les yeux fermés, d'où mon problème lorsque les bds ne sont pas éditées en nombre suffisant (comme pour Elinor Jones au départ), parce que j'aime bien feuilleter un album en librairie avant de l'acheter. Dans certains cas, la couverture me suffit pour me décider, mais en général, j'aime bien savoir ce que j'achète. Pour Elinor Jones, c'était différent : vous l'avez eu avant moi, et m'avez confirmé qu'il était bien !
Pour Princesse Sara, c'est clairement la filiation entre la série et la bd qui a emporté le morceau à mon niveau. Et c'est sans aucun regret, et avec de belles surprises en plus !

(désolée pour ce post décousu, faut que je prépare le repas, alors je n'ai pas eu le temps de "construire" mieux).

Perso je ne vois aucun inconvénient à avoir une collection où les livres sont écrits par des femmes. L'idée se justifie étant donné le contexte (minorité qui a plus de difficultés à se faire publier). Après ça me dérange si on les force à écrire d'une certaine façon, censément pour un certain public.

PS Hall si tu es allergique au terme marketing, tu peux utiliser l'équivalent français : mercatique

Je vois pas en quoi Elinor Jones est un titre "girly". Bon, il est claire qu'il ne va pas apparaitre dans mon "Top 10" des BDs préférées (mais avec près de 700 titres, c'est dur d'arriver dans le top 10), mais j'ai bien aimé quand même, de même pour Sweety Sorcelery.

Maintenant, c'est sur que le public visé est probablement essentiellement féminin, mais certainement pas les greluches ou autres poufs (qui se moquent bien de la BD en général).

Pour éviter toute confusion future: le terme "girly" apparait simplement dans la description de la collection Blackberry/Strawberry de Soleil. D'ailleurs, sur le site de Soleil, sous l'onglet "catalogue", ils proposent Blackberry... et plus loin "girly", qui renvoie vers les albums parus sous la collection Strawberry. Après, en ce qui concerne la pouf (bon j'ai utilisé le terme un peu à tort, "greluche" étant pour moi plus général et moins péjoratif que la pouf), t'inquiète pas, à la Fnac de Châtelet, en fonction des heures, le rayon BD en est rempli.

Après, comme disait Amélie, il y a une distinction notoire entre la partie Blackberry (où on retrouve justement Elinor et Princesse Sarah) et la partie Strawberry où alors là, je n'ai toujours pas osé feuilleter la moindre page. Si dans la première, on y retrouve des albums de qualité (voire les deux albums cités), autant dans la première, les titres font un certain obstacle: Street Girls ou Geek & girly (j'ose espérer qu'en plus, ce n'est pas une redite de la série des Geeks, publiée chez le même éditeur).
Pour Sweety Sorcellery, je suis plus partagée... Y'a presque aucun doute sur le public visé : comme je te l'avais dit à la première lecture, ça vole quand même pas très haut (sauf une ou deux petites histoires, notamment celle d'Aurore, qu'on a retrouvé sur Elinor) et pourtant, niveau BD, je suis quand même vachement axée rayon "enfant". Au niveau graphique, y'a de très bonnes choses mais au niveau histoire... ça reste assez superficiel (le fil rouge aurait probablement mérité à être développer). Après là aussi, ça reste personnel.

Pour modifier juste une petite chose Hall: je ne connais pas du tout Aurore (hors dessin et ce qu'elle met sur son blog). Mais en effet d'après ce que j'ai vu et lu sur son blog, elle ne revendique pas elle même une quelconque étiquette. Honnêtement, je doute que l'une des auteurs ou dessinatrice de la collection s'attribue une étiquette. Je pencherai plutôt sur l'éditeur qui impose une marche à suivre pour pouvoir publier. Après, je ne connais ni Soleil, ni Audrey Alwett pour juger qui fait quoi. Je constate juste qu'à l'arrivée, on utilise un maximum d'anglicisme, qu'on met en valeur le fait que la collection soit dirigée par des femmes (ce qui est un bon point à la base) mais qu'en même temps, on cantonne les sujets à des trucs assez restrictifs. Mais il est fort probable que ça soit les scénaristes qui aient dès le début choisis de faire un album sur tel ou tel thème.
Dans le cadre d'Aurore, j'ai trouvé que son histoire dans Sweety était pas mal et Elinor m'a laissée sur la même impression. Il y a également Kappou que je trouve intéressante. Pour Ood, j'attends de voir ce que va donner sa collaboration avec Crisse, mais au niveau graphisme, j'accroche.

Je suis plutôt d'accord avec toi. Pour Sweety sorcellery, j'avoue que je n'ai pas forcément accroché sur tout. Disons que cette bd a été pour moi l'occasion de rencontrer, près de chez moi, Ood, qui vit à... 20 km du Gobolistan ! SI. Du coup, c'est vrai que ça crée des liens, et comme elle est encore très peu connue, le jour où je suis allée la voir pour la dédicace de l'album, j'ai eu un peu de temps pour discuter avec elle. La fin de l'album d'ailleurs laisse présager que le "fil rouge" va être développé, mais j'avoue que j'aimerais carrément un album dessus, plutôt que des saynettes comme ça... Je ne sais pas si je suis bien claire, là. Bref, cet album me laisse mitigée, sur ma faim, même s'il a de réelles qualités. Il faut que je re-regarde pour retrouver l'histoire sur laquelle j'avais "accroché"...

En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'Internet a carrément changé la donne pour les auteurs. Les blogs leur donnent une vitrine que n'avaient pas leurs aînés, et j'ai l'impression (mais Pearl est plus spécialiste que moi sur la question), que c'est comme une sorte d'édition parallèle de bd qui se met en place.

Je ne dirai pas "mercatique" parce que je trouve plus drôle de massacrer l'autre terme.

Je ne vois également aucune objection majeure à ce qu'une politique éditoriale cherche à mettre en valeur les femmes qui écrivent dans un domaine où elles sont encore peu représentées. Tout le problème se situe effectivement dans ce qu'on leur fait écrire. L'objectif affiché des fameuses collections n'est pas de privilégier les femmes auteurs, mais bel et bien d'influer sur les contenus pour toucher un segment du public. Ce qui me semble déplorable. Mais il suffit d'ignorer ces ficelles grossières. En l'occurrence si les deux bouquins dont nous avons parlé échappent à peu près à la caricature, les collections en question contiennent aussi des bidules "calibrés".

Je suis personnellement très sceptique sur "Sweet sorcery" pour la raison suivante, la mode de la sorcellerie à deux balles est pénible, or ce bouquin-là m'a semblé flatter un peu trop le style univoque popularisé entre autres par deux ou trois produits télévisuels, refusant totalement l'ambiguïté, le mordant, le potentiel subversif ou ironique qu'on peut trouver dans le thème de la sorcellerie - et sur lesquels des choses du style "Isabelle" de Will font beaucoup moins l'impasse, "Mélusine" me semblant le minimum syndical en termes d'ironie et d'insolence. La sorcellerie bien comme il faut et ses adolescentes sexy et très premier degré, j'ai du mal... Après, j'avoue très franchement n'avoir que feuilleté l'ouvrage : il faisait partie du lot que Pearl m'a mis sous le nez l'autre jour à Amsterdam mais je me suis jeté sur "Elinor", l'autre n'avait pas une chance auprès d'un neuneu dix-neuvièmiste qui aime bien le patrimoine textile...

J'ai eu la même impression que toi Amélie. Mais j'ai cru comprendre qu'il n'y aura pas de tome 02 de Sweety Sorcellery (ou du moins, pas pour tout de suite)... Donc on risque de rester sur notre faim longtemps!!

Pour les blogs BD, chacun a ses motivations... mais en général, ça sert de vitrine et ça permet de se confronter à la critique et de faire évoluer son trait plus facilement que dans son coin. Par contre, et c'est déjà une bonne chose, les femmes ne sont pas en reste et participent activement dans les blogs BD. D'ailleurs, malgré les quasi 600 titres de BD "classique" qu'on a, les femmes sont mieux représentées dans la partie BD adaptée de blog (alors qu'on doit en avoir une vingtaine). Ca laisse rêveur quand même sur le problème qu'on évoquait plus haut.

Pas de tome 2 ??? C'est quoi c't'arnaque ????

Bon, la BD n'est plus ce qu'elle était ! Je vais retourner aux classiques : TIntin, Astérix et Lucky Luke ! Na !

Les ventes ne sont pas suffisantes, ma petite dame...

Ils ne font pas de suite parce qu'il n'y a pas assez d'albums vendus, c'est ça ????
Monde pourri...

Je te donne la réponse d'Audrey sur son blog (c'était dans un des commentaires, le sujet étant sur Lady Vampire et la réédition d'Alice) :

Citation :

Pour Sweety Sorcellery, malheureusement la suite est un peu compromise... Nos ventes sur ce tome n'ont pas été faramineuses (même si pas si mauvaises) et pour l'instant, l'éditeur ne veut pas entendre parler du tome 2.

Il y a le "pour l'instant" qui fait que la décision ne semble pas définitive. Apparemment, les histoires courtes sortiront quand même, mais dans le Lanfeust Mag. Mais ça, on s'en fichait un peu à la limite.

C'est la crise, ma p'tite dame!

J'vais devenir décroissante, moi ! Anti-capitaliste primaire, sectaire et raciste aussi, et tant que j'y serai, délinquante post-juvénile et ermite.

N'empêche, je me demande comment les entreprises vont pouvoir justifier leurs actions quand il n'y aura plus de crise?!
"C'est à cause de la future crise, ma ptite dame!"?
En soi, pour un petit éditeur, je peux comprendre qu'il y ait une obligation de résultat au sens où il n'a pas beaucoup de marge de manœuvre et d'argent.... maintenant, je ne considère pas Soleil comme un petit éditeur... mais alors pas du tout.