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 La jungle éditoriale

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AuteurMessage
Amélie

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MessageSujet: La jungle éditoriale   La jungle éditoriale EmptyMar 25 Mai - 17:51

Un des livres que je lis en ce moment (Sawaba), me pose problème. Je souhaitais en faire une chronique pour un des blogs, et finalement, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Pour ne pas cautionner la façon de faire de l'éditeur, pourtant tout à fait sérieux pour les ouvrages scientifiques qu'il édite.
Cet ouvrage est un roman édité par l'Harmattan, qui s'est lancé dans ce créneau (la fiction) depuis quelques temps (moins d'un an d'après ce que j'ai pu voir). Avec des méthodes qui semblent s'apparenter à celles de faux éditeurs à compte d'éditeur, et de vrais prestataires de services payants qui ne disent pas leur nom.
Du coup, je ne veux pas faire de promo pour un livre dont l'éditeur ne respecte pas les règles du jeu.

Avant d'aller plus loin, je voulais juste ajouter que j'ai eu l'occasion de lire un autre ouvrage édité de cette manière-là : Cactus, aux éditions "Le Manuscrit.com". Dans ce cas-là, c'était encore plus flagrant que dans l'actuel : au vu de l'écriture et du nombre incroyable de fautes d'orthographe, il était évident qu'il n'y avait aucun travail de relecture ou de sélection de base, préalable à l'édition d'un ouvrage à compte d'éditeur "classique". A force de chercher moi-même un éditeur, j'ai appris à mieux m'y retrouver dans cette jungle, et je suis tombée sur Internet sur un certain nombre d'"éditeurs" qui n'en ont que le nom.

Donc, dans le cas de Sawaba, il y a du bon et du moins bon. Au niveau de l'intrigue, du sujet, de la qualité informative, c'est plutôt intéressant, voire indispensable : un sujet peu connu, tabou, extrêmement grave compte-tenu du nombre de cas que ça représente et du fait que c'est évitable si on y met les moyens humains.
Au niveau littéraire, c'est loin d'être le meilleur ouvrage que j'ai lu, même si certaines faiblesses deviennent aussi une force : la répétition à outrance, voire jusqu'à la nausée de certaines conséquences de cette "maladie" qu'est la fistule obstétricale finit par faire comprendre au lecteur la gravité de cette pathologie. Seulement ça ne suffit pas pour justifier ces lourdeurs narratives. D'autre part, il est assez évident que cet ouvrage n'a pas bénéficié d'une relecture objective et professionnelle : trop d'erreurs de frappe (très peu de fautes d'orthographe, heureusement), et même un paragraphe entier écrit deux fois de suite, prouvant que le manuscrit n'a pas été relu. C'est du coup très gênant. A la lecture, bien sûr, mais surtout à cause du sentiment de malaise que laisse cet ouvrage d'un point de vue formel : quand on connaît le sérieux de l'éditeur au niveau des ouvrages scientifiques qu'il édite (sciences humaines et sociales pour ce que je connais, mais le fonds est bien plus large que ça), ça la "fout mal" de voir de telles erreurs.

Donc ce sujet n'est pas vraiment un sujet sur le livre en lui-même (ça, ça fera en effet l'objet d'un autre sujet), mais plutôt une discussion sur le monde éditorial et son fonctionnement aujourd'hui.

Je vous posterai ici un lien quand je l'aurai retrouvé : une liste trouvée sur un forum de discussion, recensant tous ces faux éditeurs.
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Johannes Hallberg

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MessageSujet: Re: La jungle éditoriale   La jungle éditoriale EmptyMar 25 Mai - 21:26

Comme dit au téléphone : à la limite nous n'avons aucun intérêt économique dans la chose et nous ne sommes pas non plus là pour faire justice : si l'ouvrage, malgré l'incurie de l'éditeur qui le flanque par terre et laisse l'auteur se ridiculiser, a un vrai potentiel (il s'agit d'un débutant qui aurait mérité d'être accompagné et encouragé dans sa démarche), alors il faut faire l'article. On s'en fout, qu'ils vendent ou pas. Le meilleur signal à adresser à l'auteur est qu'on a compris le problème et qu'on ne va pas bouder son travail sous prétexte qu'il a mal choisi ses partenaires.

Maintenant, l'Harmattan. Soyons clairs : c'est le contraire de l'éditeur qu'il faut à ce genre de situation. Il est fort probable que l'auteur n'a été retenu que parce qu'il avait déjà publié des ouvrages scientifiques chez eux, ou qu'il arrivait avec une certaine renommée scientifique. L'Harmattan ne semble se préoccuper que de rester dans le haut du panier en termes de respectabilité universitaire, raison pour laquelle ils se fichent apparemment pas mal des qualités didactiques des ouvrages ; à la limite, un bouquin écrit avec les pieds peut passer s'il a un contenu intellectuellement valable et peu importe qu'il soit, même pour un spécialiste, rébarbatif et indigeste.
Le travail de l'éditeur qui encadre, assiste, encourage ou sermonne un auteur, qui est capable d'accompagner un talent en devenir, ce n'est pas leur boulot, ça n'est pas dans leurs habitudes. Du reste il y a aussi des dimensions qui ne les intéressent pas, par exemple, ils semblent assez indifférents aux qualités physiques et esthétiques des livres : entre les reliures fragiles et les présentations austères, tout le monde sait qu'on n'achète pas souvent chez eux pour le plaisir.
Pour moi c'est une aberration. Faire savoir à tout le monde que le savoir est un plaisir devrait être une envie naturelle, et quel que soit le degré d'érudition et de spécialisation d'un ouvrage, ce n'est pas parce que je lis un livre très pointu pour un usage de recherche que je n'ai pas envie que cette lecture soit un peu agréable. Mais chez certains éditeurs, on a l'impression que c'est l'austérité qui donne de la crédibilité. C'est à double tranchant, le jour où un bouquin ne tient pas ses promesses sur le plan strictement scientifique, on est d'autant moins enclin à pardonner si en plus il est moche, austère et mal foutu.

Du coup ça ne m'étonne guère qu'aucun effort n'ait été fait pour ce malheureux texte qui essuie les plâtres et qui arrive dans une maison où probablement personne n'a l'habitude et l'expérience nécessaire, voire le temps, pour faire le travail d'éditeur attentif que la situation exigeait. L'auteur aurait peut-être dû porter ailleurs son choix, mais je ne m'avance pas là-dessus : il n'a peut-être pas eu d'autres réponses favorables.

Disons que pour le coup, ce n'est pas un "faux éditeur", plutôt une maison qui se trouvait dans une situation qu'elle ne gère pas habituellement et qu'elle n'apprendra pas à gérer instantanément - ce qui n'excuse en rien les autres habitudes désagréables d'ailleurs. Il me semble hors de question de demander à la totalité des éditeurs de savoir gérer toutes les situations - je ne crois pas trop m'avancer en disant que certains éditeurs tout à fait capables d'encadrer un premier roman seraient incapables d'assumer un ouvrage universitaire vraiment ardu - mais laisser sortir un produit fini avec des fautes énormes, ça ne fait de pub à personne, et surtout pas à l'auteur qui, face à un lecteur qui n'aurait aucune notion du passé de l'éditeur et de ce qui aurait pu se passer dans une autre maison, mettrait sur le compte de l'écrivain les lacunes de l'ouvrage.

Après n'aie pas de scrupules là-dessus, si l'auteur vaut la peine qu'on l'encourage, l'article se justifie pour peu qu'il fasse clairement la part des choses et indique les réserves que tu formules au sujet du travail de l'éditeur. N'ayant aucun intérêt économique là dedans, peu nous importe qu'ils en vendent quelques uns de plus ou de moins, c'est une grosse maison connue, elle n'est pas à ça près, se moque bien de savoir que nous existons, et se trouve de toutes façons en situation de force dans ses domaines d'activité ordinaires sans que nous y puissions quoi que ce soit.
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Amélie

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MessageSujet: Re: La jungle éditoriale   La jungle éditoriale EmptyMar 25 Mai - 23:31

On est bien d'accord.
Je parlais juste de "faux éditeurs" parce que l'Harmattan éditeur de romans fait partie de cette fameuse liste que je n'arrive pas à retrouver (mais j'y arriverai, c'est sûr). Par faux éditeurs, j'entends en fait des prestataires de services qui se présentent comme des éditeurs à compte d'éditeurs, qui savent bien que pour les auteurs, faire éditer un bouquin tient du parcours du combattant (encore un !), et qui du coup font de la pub sur Internet du genre : "Nous éditons de nouveaux auteurs, envoyez-nous vos manuscrits".
L'auteur peu renseigné (ou qui a déjà essuyé vingt refus) envoie son manuscrit par internet, attend la réponse, et quelques semaines plus tard, reçoit un courrier dans lequel il est dit que son manuscrit est formidable, qu'il a impressionné le comité de lecture, et qu'ils sont d'accord pour le publier. Mais comme l'auteur n'est pas connu, ils ne peuvent pas prendre tous les risques et demandent simplement à l'auteur de payer les frais de maquette. Eux se chargent du reste : impression, couverture, publicité dans la presse locale, sur Internet, etc.
Sauf que les frais de maquette, c'est en gros entre 2500 et 4500 euros, et que ça, ce n'est plus de l'édition à compte d'éditeur (selon le principe suivant : l'éditeur décide d'éditer à ses frais un bouquin, prend les risques et se bat pour rentabiliser son investissement, l'auteur n'a rien à débourser, et est rémunéré en droits d'auteurs). Ce n'est plus de l'édition à compte d'éditeur, donc, mais à compte d'auteur (finalement, ces "maisons d'éditions" ne font rien d'autre qu'imprimer à compte d'auteur (c'est l'auteur qui paie les frais), en faisant croire qu'ils font le boulot). La pub ne leur coute rien ou presque (ils mettent une photo de la couverture du bouquin sur leur site internet et le font référencer à la Fnac et sur Amazon), ils font passer un entrefilet dans le journal local pour prévenir de la parution du bouquin (2 à 3 lignes en général), et c'est à l'auteur de faire sa propre promo. Certains de ces prestataires n'hésitent pas à faire payer à l'auteur ses propres exemplaires pour qu'il puisse les revendre lui-même en librairie si un libraire accepte de lui céder un bout de table. C'est donc une belle arnaque, parce qu'ils se disent éditeurs alors qu'ils ne sont que prestataires de service et font ce que ferait un auteur qui décide de s'auto-éditer : aller voir un imprimeur, créer un maquette du livre, contacter la BNF pour le dépôt légal et l'ISBN, faire la pub et vendre le bouquin.

L'Harmattan semble en effet fonctionner différemment : ils éditent sans doute réellement à compte d'éditeur mais le résultat est au final quasiment le même, l'arnaque en moins : un bouquin qui n'a même pas été relu, ni corrigé.
Dans le cas du livre en question, l'auteur est un médecin particulièrement impliqué dans ce problème des fistules obstétricales. Il est certes débutant dans le domaine de l'écriture, mais son récit est prenant, captivant, malgré des maladresses et quelques lourdeurs. Il aurait vraiment mérité de voir son texte retravaillé. Je ne dis rien de plus que ce que je t'ai dit au téléphone tout à l'heure : c'est juste dommage parce que le potentiel est là : une bonne intrigue, sur un bon sujet, bien développée... Une sorte de gâchis, quoi. De quoi râler contre les éditeurs qui ne font pas correctement leur boulot (et les auteurs qui veulent faire éditer leur oeuvre trop vite, aussi... ça me rappelle quelqu'un, ça. geek ).
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Johannes Hallberg

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MessageSujet: Re: La jungle éditoriale   La jungle éditoriale EmptyMer 26 Mai - 0:18

L'initiative d'un scientifique qui se met en tête de faire un roman sur son sujet de recherche tient probablement de la volonté de vulgarisation. Avec l'image ingrate de l'éditeur et sa traditionnelle absence d'efforts de présentation, je doute que le but soit facile à atteindre.

L'analogie finale me semble assez juste, ça fait penser aux gens qui se cachent derrière des images de synthèse avec cheveux bleus en prime. C'est un mal commun, de nos jours, de s'imaginer qu'écrire, c'est seulement avoir une bonne histoire. Avec dans le cas présent le risque supplémentaire d'être suspecté, à tort ou à raison, d'avoir voulu faire oeuvre sanitaire avant de faire oeuvre littéraire. Mais nous extrapolons puisque nous ignorons s'il a essuyé des refus de la part d'éditeurs susceptibles de mieux anticiper sur ses besoins.

En tous cas, à moins d'une seconde chance, la tentative a toutes les chances de finir dans l'oubli, et c'est bien bête...
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Amélie

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MessageSujet: Re: La jungle éditoriale   La jungle éditoriale EmptyMer 26 Mai - 16:11

Qu'est-ce que tu as contre mon avatar ? Tu crois que c'est mieux de jouer avec le feu ?

Pyromane ! Very Happy

Et puis d'abord, les cheveux bleus, c'était pour rappeler mon autre nom : Maman bleue ! Na !
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MessageSujet: Re: La jungle éditoriale   La jungle éditoriale EmptyMer 26 Mai - 20:36

En tous cas, ce qui est assez aberrant, c'est de donner une impression fausse de facilité d'accès à l'édition. La "jungle" est en effet également, et surtout, la multiplication invraisemblable des titres, au nom de la stratégie selon laquelle un éditeur qui ratisse large a plus de chances de tomber sur ce qui se vendra ; petits tirages d'emblée, puis dès qu'un ouvrage semble sortir du lot, retirage, vente d'un maximum d'exemplaires, battage publicitaire... qui assure la rentabilité de l'ensemble. C'est assez ingrat pour les auteurs des autres ouvrages qui disparaissent rapidement des librairies et qui, au nom de la course sans fin à la nouveauté, ont peu de chances d'intégrer un catalogue dans une logique de rotation plus lente.

Après, pourquoi toujours plus de candidats pour si peu d'élus ? Être publié n'ayant qu'une chance infime d'apporter la reconnaissance (et l'opportunité de se voir offrir les moyens de poursuivre son travail dans de bonnes conditions), c'est à se demander si une bonne partie des gens qui tentent le coup ne cherchent pas plus une satisfaction personnelle que l'hypothétique rencontre avec un public important...
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