Pour Sweety-chose, j'ai eu l'occasion de feuilleter un peu le volume actuel et j'en reste à mon scepticisme précédent : avec meilleure volonté du monde, le style sorcellerie-pour-adolescents me semble indigeste. Je ne sais pas si Alwett doit jouer les Arleston-bis mais on peut reconnaître à ce dernier le mérite de s'en tenir à un genre préexistant aux modes actuelles. La collection sous la responsabilité d'Alwett a vraisemblablement une justification de type "captation de public" dans l'idée de l'éditeur mais sans "socle" éditorial défini sur le plan littéraire, ce qui peut tout donner : un travail totalement nouveau ("Elinor Jones", j'ai pas fini de vous embêter avec ça, ce qui me rappelle que je suis censé faire l'article), une adaptation de classique littéraire - valeur sûre ("Princesse Sarah"), une tentative clairement sous influence ("Lady doll"), ce qui n'est pas si mal pour un début. En revanche je suis assez convaincu qu'en dépit de ses probables qualités propres, le énième exemple des sorcières à la mode ne peut pas raisonnablement constituer une direction viable. Ce qui m'arrête est peut-être que c'est "trop à la mode pour être honnête", mais vraiment, il y manque avant tout l'ironie. Tant qu'à rester dans la production actuelle "grand public", je m'en tiens (toujours) à Mélusine.
Un bref aperçu de "lady doll", à moi aussi ça me semble burtonisant. La représentation de la bonne société lorgne carrément vers "Corpse bride" et provoque le malaise souhaité, en revanche il me semble qu'il y a une difficulté d'identification du lecteur à l'héroïne qui continue elle aussi à provoquer le malaise - chez Burton, la monstruosité et la difformité semblent assez rapidement normales au spectateur qui s'attache aux "monstres" tout en continuant d'être répugné par les gens prétendument normaux. Je vais vous sembler jouer l'exégète à deux balles, mais je me demande franchement si ce truc qui manque, ce n'est pas tout simplement la dose d'humour (noir) que Burton met à ses cadavres vivants (dans Corpse-Bride et dans l'Étrange Noël) qui est ici cruellement absente, ce qui fait que le renversement de valeurs ne se produit pas : ici tout fout les jetons... Et pour cette raison là, à première vue, peu convaincant.
"Princesse Sarah", faudra qu'on en reparle. Je réserve mon jugement pour l'instant n'ayant eu qu'un aperçu du premier tome. Le récit pour sa part est une valeur sûre et certains choix graphiques sont clairement un appel du pied à la génération des spectateurs de l'adaptation animée qui fit les beaux jours de la télévision des années 1980 (merci à France 5 de la repasser épisodiquement). Sans être indispensable, la transposition "steampunk" est une façon élégante de ne pas faire trop littéral (sans quoi le roman se suffit à lui-même) et j'attends de voir, dans la deuxième partie, ce que cela va donner une fois qu'on sort du drame bourgeois et qu'on rentre dans le côté naturaliste.
"Elinor", oué oué oué, je sais : au boulot !